En 2003, durant un travail d’introspection, j’arrivais au terme de ce que les mots pouvaient nommer. C’est au travers de la peinture que j’ai trouvé un moyen d’expression et de soulagement intérieur.
Avec ma manière intuitive, j’ai senti un espace de liberté infinie s’ouvrir à moi.
Cet appel de la création était comme un souffle d’air urgent. J’abordais alors des émotions fortes, souvent enfouies qui surgissaient comme d’un autre monde. Une partie de mon inconscient, qui sous mes yeux se montrait, timide et parfois débordant. Ce qui voulait se manifester à ma conscience arrivait sans frapper à la porte. Ma pratique de la peinture est comme une terre que je ne connais pas. Mes techniques, je les apprivoise et les invente, au fur et à mesure de la nécessité de raconter ces parties de moi qui veulent être entendus et vus. Cette première phase de création a duré plusieurs années. Elle s’est renforcée lors de mes études d’art-thérapie, où j’ai utilisé ce médium comme une nécessité, un appel du ventre pour me rencontrer au plus près de mes émotions sensibles.
J’utilise des techniques mixtes, acrylique, fusain, pastel sec, gesso, épices, stylo bille, collage, huile…. j’invente, griffonne, sable, gratte, détruit, recouvre, met en évidence des zones que je trouve intéressantes, et progressivement je découvre le plaisir de la composition, des lignes et des couleurs.
Lorsque j’ai professionnalisé ma pratique artistique, mes journées à plein temps en atelier étaient rigoureuses. Teintées de lutte avec cette toile blanche et chaotique, jusqu’à la forme qui apparaît. Et mon monde pouvait alors s’exprimer de toute sa palette. Mon rituel de départ commençait par une musique, une couleur, une émotion, parfois je ferme l’œil et laisse….. advenir ce qui doit. Libérer le geste. Faire confiance. Ce fut ma deuxième phase de création.
Ma plus belle rencontre est celle avec la couleur. Je l’aime vive, en couleur primaire, sortie du tube. Les crèmes d’acryliques, pigments et pastels secs me permettent une vibration qui me stimule et me met en joie.
Le besoin de créer était moins viscéral, plus ludique et joyeux.
J’ai alors eu le besoin d’apprendre l’Histoire de l’Art, de découvrir les peintres qui ont marqué leur temps, et qui m’inspirent aujourd’hui.
Mes goûts changeaient alors, d’un Jean-Michel Basquiat et de l’art brut des participants aux ateliers d’art-thérapie, de cet art libre, hautement sensible et qui me touche en plein cœur, je découvrais alors la subtilité des nuances de couleurs, de lumières, de sensations. Je pense notamment à Monet, Matisse et Bonnard qui me fascinent. Joan Mitchell et Cy Trowmbly aussi, pour leur style si animal et explosif de vie. Et Nicolas De Staël et Zao Wou KI ont été mes grands chocs et à la fois de grandes joies.
C’est ma troisième phase de création. Celle de l’observation des paysages, des montagnes de Grenoble et des jardins de Provence. J’entame une dissection de la végétation en la photographiant. Comme pour m’imprégner de ces merveilles que la nature nous offre à chaque saison. Les printemps deviennent une ode à la vie. Lors d’un travail minutieux, je réalise ma série de peintures des « Jardins intérieurs et aquatiques ». Je joue, je m’amuse. Je ressens ma peinture comme réconfortante et douce, me permettant un refuge face à mon décalage perçu avec le monde extérieur.
La photographie a pris une place importante ces dernières années.
En photographiant la végétation de Provence, je rencontre une nature débordante de générosité. Elle me happe et m’étreint d’une douceur infinie. Mon œil de peintre en compose des tableaux photographiques. Je cherche l’union sensible des couleurs et de la lumière, pour vous offrir quelques reflets de cette nature et vous révéler sa splendeur.
La peinture sur Mobilier
En devenant artisan d’art, auprès d’Isabelle Barale de l’Atelier Garance, j’ai appris de nombreuses techniques pour prendre soin du meuble et le transformer (décaper, protéger, restaurer, peindre, patiner, vernir, reproduire des effets marbres, cuirs, dorures façon 18ième, etc). Cette approche de la peinture, plus exigeante et plus contraignante, m’a enseignée une nouvelle discipline, face à la matière du bois, qui se laisse apprivoisée, selon des règles de l’art plus rigoureuses.
Pour conclure, la création sous toutes ses formes et l’art font partie intégrante de ma vie. Je me sens stimulée, en mouvement dans cet élan de vie puissant. Cela me permet de continuer de respirer dans une société moderne, où le nombre d’incohérences absurdes sont grandissantes.
Je vis la création comme une façon d’exister dans sa plus grande vulnérabilité et vérité. C’est un acte de générosité qu’offre l’artiste aux spectateurs. A son tour, celui qui reçoit en ouvrant son cœur peut ressentir et être touché par une humanité commune, et une occasion de partager un langage émotionnel et universel.
Toutes ces expériences me permettent de réaliser, que valoriser la beauté qui existe en toute personne et en toute chose, est ce que je sais faire de mieux (une émotion, un paysage, un meuble, un client).
Aujourd’hui, j’accompagne des entrepreneurs et des professionnels de métiers d’art à valoriser leur parcours et à construire l’identité de leur projet. Pour plus de renseignements : www.formations.authelain.org
"Anaïs Authelain nous fait découvrir son univers sensible entre peinture figurative et abstraction poétique. Cheminons sur les sentiers de ses "paysages intérieurs" à la découverte de créations pleines d’énergies et de mystère. De strates de couleurs vives et gaies nous basculons dans la brume de subtiles compositions..." Jean-Jacques ANDRE, galerie Origin.